Une 43e édition des 24H Motos très spéciale et ce à bien des égards. La team
METISS était la seule équipe à répondre présente en catégorie EXPERIMENTAL pour ces 24H reportées d’Avril à Août 2020 à huis clos et sous couvert d’impératif COVID19.
Malgré un nombre d’engagé réduit (39 équipages) toutes les grandes équipes de marques officielles et les hautes pointures du Mondial d’Endurance avaient répondu présent et étaient affutées plus que jamais pour l’avant-dernière épreuve comptant pour le Championnat du Monde. Huit marques constructeurs étaient alignées et annoncées par l’organisation de l'ACO (Automobile Club de l'Ouest) au départ de cette 43e édition avec Honda, Kawasaki, Suzuki, Yamaha, BMW, Ducati, Aprilia, METISS et quatre manufacturiers de pneumatiques Pirelli, Dunlop, Michelin, Bridgstone.
La semaine de compétition commença Mercredi 26 Août par la cérémoniale journée de contrôle technique qui vu sans encombre le passage du prototype MetisS et de son tout nouvel équipage Gabriel Pons, Jonathan Geotschy et Jean-Edouard Aubry épaulé par l’incontournable Emmanuel Cheron.
Cette journée fut également constituée d’essais privés où les 4 pilotes ont pu travailler sur la consommation en travaillant sur le fond de réservoir, régler quelques soucis électriques (capteurs), tester de nouveau pistons d’étriers de freins en titane et valider l’ergonomie globale de la moto. S’en est suivi un débriefing sur l’orientation électronique de la machine notamment au niveau du Traction Control.
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G. Pons, pilote METISS 1'39''775 | Essais libres FP1 24H Motos | Le Mans 2020
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Jeudi, début des hostilités les essais libres suivis des qualifications (Q1) et des essais de nuit.
Deux séances d’essais libres de 2h ont permis d’optimiser les réglages de l’électronique, des suspensions avec l’aide du technicien Eric Delcamp, de l’ergonomie du poste de pilotage par les pilotes tout en tournant régulièrement en 1’39 / 1’41.
A 13h début des séances qualificatives avec Gabriel PONS. La pluie ayant fait son apparition, Gabriel n'ayant jamais piloté la MetisS sur le mouillé ni même roulé sur des DUNLOP dans ces conditions, il a pris la piste prudemment en pneus pluies, puis au bout de quelques tours il est tout de suite rentré pour chausser les slicks et bien lui en a pris puisqu'au final, il a réalisé le 10e temps devant la BMW officielle EWC actuellement deuxième au championnat du Monde et son pilote champion du monde EWC 2018 Kenny Foray. Il plaça même la MetisS devant la 2e machine Stocksport (même définition de moteur que celui de la MetisS).
C'est ensuite Jonathan GOETSCHY qui lui a essuyé la 2e averse mais prends le pari de partir aussi en slick. Mais la piste à tarder à sécher, il se place finalement 27e de sa série mais dans la limite de temps des 108% du temps du 1er de la série respective.
Pour le départ de Jean-Edouard AUBRY avant même le feu vert, la pluie est tombée dru et sur la piste détrempée, Jean-Edouard n'ayant pas de repères sous la pluie avec le prototype MetisS, n'a pas détecté de suite une anomalie sur la rotule de roue avant et n'a pas pu réaliser un temps suffisant pour rentrer dans la limite des 108%. Demain, le temps annoncé étant plus clément, les références de qualifications seront entièrement remises en cause.
Emmanuel CHERON n'a pu à cause de cette rotule défectueuse, ne prendre la piste qu'à mi-séance et toujours sous la pluie, et de ce fait, n'a fait que valider le fonctionnement à nouveau normal du train avant.
A l'issue de cette première série de qualifications, la team
METISS décroche en temps moyenné une 19e place au scratch et comparativement en 5e place en Stocksport (SST).
Pour finir cette journée du Jeudi, Gabriel Pons place la MetisS au 22e rang de la séance de nuit avec un temps de 1’41’’209.
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Prototype MetisS | G. Pons | Qualifications Q1 24H Motos | Le Mans 2020
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La journée du Vendredi débuta par une séance matinale d’essais libres de 2H où tous les pilotes purent rouler sur le sec, contrairement à la journée du Jeudi, et ainsi préparer les qualifications (Q2) de l’après-midi prévues sur le sec selon la météo.
Tous les pilotes amélioraient leurs temps aux tours par rapport à la FP1 dont un excellent 1’39’’189 de G. Pons (J. Goetschy 1’40’’756, J-E. Aubry 1’40’’559) plaçant la team
METISS en 18e position de cette FP2 à 2’’388 du pole team FCC TSR Honda France #5.
La 2e séance qualificative (Q2)… G. PONS partit en pneus plus tendres pour descendre sous les 1'39", les temps étaient en évolution puis chute au garage vert (suite à un problème de maître-cylindre de freins) en milieu de séance alors qu'il venait d'allumer en vert le temps du premier secteur chronométrique (S1). Il se place 20e de sa session qualificative en 1’39’’581 et ne battera pas son chrono record sur MetisS de 1'38''94 établi lors des préliminaires en Juillet dernier.
Ensuite, Jonathan GEOTSCHY est parti sur la seconde moto et malgré tout améliore son temps du matin en 1'40’’538 qui le place 26e de sa session qualificative.
L'équipe a remis la 1re moto en état et Jean-Edouard AUBRY est reparti avec la moto de qualification. Cette seconde séance était primordiale pour la qualification car lors de la première séance (Q1) perturbée par la pluie, il n'avait pas de temps validé. Malgré une séance stoppée par un drapeau rouge, J-E. s'est qualifié avec un temps de 1'40’’978 malgré des difficultés de trafic (P26 comme Jonathan). A noter, un Ideal Time de 1'39’’9 en cumulant le meilleur temps de chaque secteur du circuit.
C'est au tour d'Emmanuel CHERON de prendre pour la première fois la piste sur le sec. Emmanuel a pris du plaisir à descendre les temps au fil des tours sur la moto dont il supervise la construction et la mise au point. Bravo à lui pour avoir réalisé un temps de 1'42’’492 pour un de ses rares roulage de l'année.
On peut saluer le nouveau record en qualification (temps moyen) du team
METISS pour des 24H Motos : 1'40"365 qui place la METISS au 24e rang au départ demain Samedi à 12H00.
L'ancien record datait de… 2014 avec un temps moyen de 1’41’’151 (21e des qualifications et 9e place finale) C. Michel / C. Huvier / E. Cheron. Presque une seconde de gagnée.
Autre record également à noter, le plus petit écart entre le pole man des qualifications et le pole man METISS avec 2’’672 en prenant le temps des essais libres et 3’’064 en prenant le temps des qualifications contre en général 3’’6 surtout avant l'arrivée des pilotes de mondial vitesse.
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- LA COURSE - |
Après un très bon départ de G. PONS qui laisse le relais à ses co-équipiers en 20e position, J. GEOTSCHY et J-E. AUBRY n’ont pas été en reste puisqu’avant la pluie la MetisS pointait toujours dans le TOP20 de l’épreuve.
Après 2 heures de course la MetisS pointait 18e et 4e du challenge des équipes indépendantes Dunlop (DIT = Dunlop Independent Trophy).
Puis la variable météo est entrée en scène pour continuer tout au long de cette 43e édition des 24H Motos. La pluie a fait son apparition où la team
METISS tira son épingle du jeu avec son prototype MetisS à T.S.S.2 pour monter au classement en 14e position (4e DIT). Mais à 3h15 de course J. GEOTSCHY se fait surprendre (comme beaucoup) sur cette piste mouillée à l’entrée de la chicane du Dunlop et chute sans conséquence pour la machine qu’il relève rapidement et repart. Mais après quelques tours il s’aperçoit qu’il a lourdement chuté sur son coude et doit s’arrêter au stand où il sera dirigé vers le PC médical qui le déclarera finalement inapte à reprendre la piste, l’os du coude étant quelque peu endommagé, son membre supérieur devant finalement rester immobilisé dans l’intérêt du pilote.
C’est donc à 2 que devra se faire le reste de l’épreuve, soit encore un peu plus de 20h de course !
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J. Geotschy chute à la chicane Dunlop sur une piste détrempée | 24H Motos 2020
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C’est également dans cette même heure de course que l’équipe va écoper d’un Stop&Go pour vitesse excessive sur la Pit Lane, le pilote ayant tardé à déclencher le limiteur. Ces faits de course successifs vont faire redescendre la team
METISS en 19e position au classement général.
C’est alors que l’on entre dans la 7e heure de course qu’un certain exploit de la part du team
METISS et son prototype MetisS va se dérouler sous les yeux, non pas des spectateurs (faute à la réglementation COVID19 et donc du huis clos), mais uniquement des téléspectateurs d’Eurosport et de la chaine l’Équipe pour la France. Le pilote METISS Gabriel PONS prend son relais sur une piste mal menée par les conditions climatiques qui va en s’asséchant. Après quelques tours, il décide de rentrer au stand pour prendre le risque, en accord avec l’équipe, de passer en pneus slicks comme l’a fait il y a quelques tours avant le pilote Broc PARKES (ex-pilote de MotoGP et de Mondial Superbike). Et c’est la poignée de gaz ouvert en grand que Gabriel PONS repart en piste sur l’étroite bande de piste séchante pour se positionner en pilote le plus rapide en piste même devant les Top pilotes de mondial vitesse où progressivement Gabriel Pons prenant la mesure de la piste roulait 2’’ plus vite que Broc PARKES sur sa Yamaha EWC #77. |
Duel des Stratèges de la 7e heure, G. Pons (MetisS EXP #45) vs B. Parks (Yamaha EWC #77) |
Et 5 à 6’’ plus vite que les autres Top Pilotes usines (F. Foray, N. Terol, L. Rossi, K. Hanika, E. Nigon, M. Reiterberger etc…) ayant opté pour une solution plus sage en restant en pneus pluie. Durant pratiquement tout son relais malgré les Top pilotes qui sur le tard s’arrêtèrent à leur tour pour passer en slicks, Gabriel PONS sur sa MetisS tournant alors en 1’41’’ dans des conditions encore délicates ne fut rejoint au chrono qu’à la fin de son relais par les Top pilotes usines (je vous laisse découvrir les images de la vidéo montrant l’exploit de G. PONS remontant et passant sans coup férir ses adversaires les uns après les autres alors tous en slicks à ce moment de fin de relais pour lui).
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Pendant près de 15 tours G. Pons est le plus rapide en piste sur la MetisS... et ça se voit !
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Après ce run de grâce, nos 2 pilotes restant enchainent les relais malgré le peu de repos entre chaque accumulant la fatigue accentuée par un phénomène excessif de vibrations moteur inhérent au moteur Suzuki dépourvu d'arbre d'équilibrage équipant la MetisS MS19. Ils parviennent tout de même à garder leur rythme de course sur cette piste délicate pour se rapprocher progressivement du TOP10 et passe le cap de la 10e heure de course en 13e position (3e DIT) et comparativement 2e de la catégorie Superstock (SST) puis en 12e position.
Mais à partir de la 11e heure de course le phénomène de vibration du moteur commence à endommager la moto au niveau du guidon et va entraîner plusieurs longs arrêts au stand faisant plonger la team
METISS de la 12e à la 21e place au classement général.
Et c’est finalement à 5H19 du matin, après un peu plus de 17 heures de course que le team Manager de la #45 doit se résigner à signer la feuille officielle d’abandon et nous donner les raisons de celui-ci en ces termes :
" Après avoir tout tenté pour améliorer ce problème de vibrations inhérent au moteur Suzuki, celles-ci ont eu raison, et de la mécanique, et des mains de l'un des pilotes. Pour l'intégrité de nos pilotes, nous avons décidé d'abandonner sans autres dommages que le coude de Jonathan, qui nous l'espérons, retrouvera très vite l'intégrité de ses moyens... Ceci ne gâchera pas, les signes positifs qu'à démontrer notre machine en début de course. " (P. Froger)
- INTERVIEW DU PILOTE POLE MAN METISS G. PONS -
(interview réalisé par V. Sabre pour l'Hebdo du Paddock) |
On a pu te voir réaliser de très bon chronos, notamment lors d'un excellent relais en début de course. Je suppose que piloter cette machine est très différent en matière de sensation ? Est-ce plus difficile ?
Oui effectivement on avait un très bon rythme de course. Nous avions fait des essais préliminaires au Bugatti en Juillet avec la team et après 3 jours de travail fructueux nous étions déjà rapides. On croyait donc en nos chances à 100%.
La MetisS est une moto dont le châssis est surprenant d'efficacité: elle est très maniable, très stable, très précise et bonne vireuse. En matière de châssis la Team a vraiment fait un travail incroyable. Niveau sensations, non ce n’est pas très différent d'une moto classique. Elle a le comportement d’une moto «normale» à la différence près de la stabilité accrue (notamment au freinage), et de la précision incroyable de la direction. Ce sont d'ailleurs des sensations proches de celles que je connais de notre Kawasaki eXcentive. Pour répondre à la demière question: non, et j'irais même plus loin en disant que c’est plus facile qu'une autre machine conventionnelle tant la MetisS est maniable et agréable à piloter.
Qu’est-ce qui vous a amené à l'abandon ?
Perte de sensibilité et de force dans les mains. Au cours de mon demier relais, j’ai eu plusieurs alertes car mes mains et notamment mes doigts ne répondaient plus. J’ai fini par manquer un freinage et éviter de justesse le pilote qui me précédait... pour ma sécurité et celle des autres j’ai décidé de ne pas en faire plus.
Qu’elle est la suite des choses pour toi ?
La suite c'est retour dans ma «famille» lteM17. Nous devons poursuivre le développement de notre moto, et trouver des solutions pour continuer à faire la course. C'est une priorité d'autant plus importante que nous avons développé cet hiver une toute nouvelle version de notre train avant eXcentive dont le potentiel semble très prometteur. La Kawasaki eXcentive c’est un peu «ma» moto, et je veux a tout prix que nous puissions continuer à défendre ses chances.
Je reste bien entendu en contact avec la team METISS avec qui j'ai passé de très bons moments. J’ai adoré piloter leur moto, et avec quelques progrès supplémentaires niveau freins, moteur et électronique cette MetisS MS-19 elle pourrait vite devenir le cauchemar de la concurrence ! J'espère d'ailleurs pouvoir continuer à participer de près ou de loin au projet MetisS dans le futur.
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Il est vrai que l’on pouvait croire au retour de la MetisS dans le TOP10 dans une grande épreuve du Mondial d’Endurance Moto, avec cette dernière version de MetisS et son tout nouveau trio de pilotes rapides qui ont su exploiter et mettre en valeur tout le travail de l’équipe technique et des partenaires du team METISS effectué durant l’hiver et cette longue coupure due au COVID19. Des records du team sont tombés, une démonstration sur la piste en condition délicate durant la course face aux grands du Mondial de l’Endurance Moto ont démontré tout le potentiel de la machine et le bien fondé du travail accompli.
Gageons que tout cela amènera enfin une pérennité au petit constructeur sarthois METISS à l’équilibre budgétaire précaire malgré son savoir-faire et sa technologie qui ne demande qu’à être exploité.
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- A RETENIR -
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Record avec le plus petit écart entre le pole man des qualifications (M. Reiterberger, pilote officiel BMW #37) et le pole man METISS (G. Pons) avec 2’’672 en prenant le temps des essais libres
Nouveau record METISS moyenné en qualification des 24h Motos en 1'40"365
15 tours où la MetisS était la plus rapide en piste (de ses T191 à T205)
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- RÉSUMÉ VIDÉO DES 24H MOTOS 2020 -
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